DEKRA publie son rapport annuel de sécurité routière 2022 consacré aux enjeux de mobilité des jeunes conducteurs en Europe. Cette analyse est complétée par une enquête* diligentée par DEKRA Automotive sur le regard des Français à l’égard des jeunes conducteurs et leur rapport à la sécurité routière.
- 48% des automobilistes de moins de 24 ans se disent souvent déconcentrés sur la route
- Une majorité des Français perçoit les jeunes conducteurs comme imprudents
- L’entretien des véhicules peut sauver des vies
- La prise en compte globale des infrastructures routières
- Nouveaux facteurs de distraction au volant
Selon l’Organisation Mondial de la Santé (OMS), les accidents de la route tuent chaque année davantage de jeunes âgés de 15 à 29 ans dans le monde que le VIH/sida, le paludisme ou la tuberculose. L’Institut for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’Université de Washington à Seattle évaluait en 2019 à environ 175 000 le nombre de personnes âgées de 15 à 24 ans tuées dans des accidents de la route dans le monde, ce qui représente 15% de l’ensemble des décès sur la route. Parmi ces victimes, 80% étaient de jeunes hommes.
En Europe en 2020, ces jeunes de 15 à 24 ans représentent 11% de la population mais 14% de la mortalité routière. Sur notre territoire, ils représentent 12% de la population mais 21% de la mortalité sur nos routes. La mortalité des 15-24 ans est très supérieure en France (21%) comparée à nos voisins : l’Allemagne (14%), l’Espagne (10%) et l’Italie (12%).
En France, plus de 680 000 jeunes** de 18 à 24 ans réussissent l’examen du permis de conduire. Ces jeunes représentent 8% de la population française mais 17%*** de la mortalité routière. Lors de notre enquête, 68% des jeunes conducteurs affirment avoir une meilleure connaissance du code de la route que leurs aînés et pour 24% d’entre eux que le comportement au volant de leurs parents a eu une influence négative sur la manière de pratiquer la conduite.
« Les jeunes restent très vulnérables sur nos routes, surtout s’ils sont novices. Avec ce rapport, DEKRA répond à sa mission d’acteur majeur de la prévention routière depuis 1925, en proposant des pistes de réflexion, et démontrant que des mesures sont nécessaires pour réduire efficacement et durablement ces chiffres, tant sur le plan du comportement au volant, de la technologie automobile et des infrastructures routières. La formation et les campagnes de prévention sont essentielles pour accompagner ces jeunes vers une sécurité routière plus sûre et plus durable » précise Karine Bonnet, Directrice Générale de DEKRA Automotive SAS.
Des comportements personnels à risque qui nuisent à la concentration
Le manque d’expérience, la surestimation de soi et la propension accrue à prendre des risques font partie des sources d’erreur les plus dangereuses pour les conducteurs novices (moins de 2 ans de permis). Des sources d’erreur qui entraînent fréquemment de graves accidents de la route. Mais la vitesse excessive, l’influence de l’alcool et des drogues, et les multiples distractions au volant sont aussi incriminés dans de nombreux accidents.
Selon notre enquête, 61% estiment que les conducteurs novices consomment plus d’alcool avant de prendre le volant que leurs aînés.
Toujours dans ce sondage, parmi les facteurs de risques les plus importants chez les moins de 24 ans, les distractions au volant comptent pour 48%, ce pourcentage passe à 56% dans la catégorie des jeunes hommes de cette tranche d’âge. Interrogés sur les pratiques au volant, 65% disent entrer une destination dans un GPS mobile, 45% sont déconcentrés par des passagers, 41% activent un système d’aide à la conduite du véhicule. Arrive ensuite l’utilisation du téléphone pour appeler ou envoyer un sms pour 34% d’entre eux et écouter de la musique avec des écouteurs pour 29%.
Il est donc extrêmement important que la formation des jeunes conducteurs ne porte pas uniquement sur le code de la route et la conduite en elle-même, mais aussi sur des compétences plus générales.
La technologie automobile sauve des vies
Comme DEKRA l’a démontré à plusieurs reprises dans de précédents rapports sur la sécurité routière, les nouvelles technologies ont leur rôle à jouer en matière de sécurité routière. À cet égard, les progrès constants en matière de numérisation des systèmes d’entraînement des véhicules et les équipements de commande associés jouent un rôle décisif. Pour exemple sachant qu’une vitesse excessive ou inadaptée à une situation est l’une des principales causes d’accidents chez les jeunes conducteurs, le limiteur de vitesse automatique pourraient ainsi permettre de diminuer les risques routiers.
Selon notre sondage, ces systèmes innovants sont favorablement perçus par les français.
Parmi les outils existants dans un véhicule, l’assistance au freinage d’urgence (59%), les caméras de recul (55%) et le régulateur de vitesse (50%) sont jugés les plus utiles par au moins la moitié des français. Les jeunes de 15-24 ans trouvent une utilité à 58% dans les caméras de recul, 49% l’assistance au freinage d’urgence et 44% le régulateur de vitesse.
Néanmoins, certains outils, qui permettent une meilleure maîtrise du véhicule et la prise en compte des dangers proches, demeurent peu utilisés par les français tels que l’assistance au freinage d’urgence (12%), les détecteurs d’angles morts (12%), de collision (11%) et l’aide au maintien dans les voies (10%). La tendance est inversée chez les jeunes conducteurs qui utilisent souvent les détecteurs d’angles morts (20%). Mais si les systèmes d’aide à la conduite répondent à un fort enjeu de sécurité, ils sont surtout développés ces dernières années sur des modèles plus récents et donc peu accessibles aux budgets des jeunes.
« De nombreux jeunes conducteurs roulent très souvent avec des véhicules plus anciens présentant des défauts importants et peu ou pas réparés, surtout pour des raisons financières et par absence de prise de conscience des défauts techniques, donc des risques réels d’accidents. Le contrôle périodique des véhicules reste un élément tout à fait central pour la sécurité routière. » rappelle Karine Bonnet.
Durant les périodes d’apprentissage, l’utilisation des systèmes d’aide à la conduite et des fonctions de conduite automatisées doit être enseignée. Il convient toutefois d’en communiquer aussi les limites. Dans l’idéal, l’utilisation sûre de ces systèmes devrait faire partie intégrante de l’examen du permis de conduire.
Indépendamment des systèmes de sécurité passive et active, ce qui arrive aux occupants d’un véhicule en cas d’accident dépend aussi de la position du siège de chaque occupant et du bon usage et réglage des éléments intérieurs de sécurité (volant, siège, appuie-tête, dossier, ceinture). Encore de nos jours en France, le taux de non-port de la ceinture de sécurité chez les jeunes conducteurs tués est de 23% versus 20% pour l’ensemble des usagers tués en voiture.
Le système global formé par le siège, la ceinture de sécurité et l’airbag ne peut protéger une personne de manière optimale que si la position du siège est elle aussi adaptée.
Une infrastructure fonctionnelle et fiable pour pallier les erreurs éventuelles des usagers
Les statistiques d’accidents de nombreux pays indiquent clairement qu’environ deux tiers des jeunes conducteurs tués sur les routes perdent la vie lors d’accidents survenus sur des routes de campagne. Les causes de ce phénomène sont diverses, on y retrouve évidemment les excès de vitesse et la consommation d’alcool et de stupéfiants, de même que le manque de visibilité, la mauvaise estimation des distances, la surestimation de ses propres compétences ou sa capacité encore faible à évaluer un tracé de route pour adapter sa conduite.
Dans de nombreuses situations, la réaction du conducteur novice, par définition non-expérimenté, n’est pas celle attendue par les usagers de la route « expérimentés ».
L’enquête DEKRA révèle que près de trois Français sur quatre estiment que les jeunes générations de conducteurs roulent trop vite, bien plus que leurs aînés (73%), et 58% qu’ils provoquent plus d’accidents que leurs aînés. Les jeunes conducteurs ont un avis plus nuancé. Pour 46% d’entre eux, ils se disent plus prudents au volant que leurs aînés. Mais ils semblent relativement d’accord pour affirmer qu’ils provoquent plus d’accidents que leurs aînés (55%).
L’infrastructure des routes est considérée comme un aspect important d’amélioration de la sécurité routière. Il s’agit d’améliorer de manière ciblée le niveau de sécurité des routes existantes tels que l’état du revêtement de la chaussée, la prévisibilité du tracé de la route et la perceptibilité de la chaussée, l’aménagement des espaces avoisinants la route, le marquage au sol, la configuration des intersections ou encore l’aménagement de zones de dépassement.
L’objectif doit être de configurer les routes d’une manière claire, pardonnant les erreurs éventuelles des usagers. En d’autres termes, l’usager doit être en mesure de savoir quel comportement et quelle vitesse adopter en se basant simplement sur la configuration de la route.
Les Français ont une mauvaise image des jeunes conducteurs et se disent favorables à des restrictions spécifiques pour cette population
Face aux dangers de la route et aux nombreux accidents impliquant les plus jeunes, les français interrogés sont favorables à la mise en place de mesures pour limiter les comportements déviants et pallier les risques pris par les nouveaux conducteurs.
Pendant toute la durée du permis probatoire, 84% sont favorables à l'interdiction totale de boire de l'alcool avant de prendre le volant. Les Français souhaitent également une montée en compétences des jeunes automobilistes puisque 76% sont favorables à l’instauration d'un apprentissage à la conduite progressif. Une limitation de la puissance des voitures que les jeunes automobilistes peuvent conduire est également une idée appréciée par trois français sur quatre (74%).
« Outre les technologies automobiles et le facteur humain, l’infrastructure joue aussi un rôle prépondérant dans la sécurité routière des jeunes conducteurs. Ces jeunes de 15 à 24 ans, et en particulier de sexe masculin, représentent un risque très important pour eux-mêmes et pour les autres usagers. Le travail relatif à la sécurité routière doit donc faire de ce groupe une priorité, et ce dès le début de la formation à la conduite » souligne Karine Bonnet.
Retrouvez l’ensemble des recommandations de DEKRA sur le rapport européen de sécurité routière et sur : dekra-roadsafety.com.
À propos de DEKRA :
Depuis plus de 95 ans, DEKRA s'engage pour la sécurité. Fondé en 1925 à Berlin sous le nom de Deutscher Kraftfahrzeug-Überwachungs-Verein e.V., DEKRA est aujourd'hui l'un des plus grands organismes d'expertise au monde. Filiale de DEKRA e.V., DEKRA SE gère les activités opérationnelles du groupe. En 2021, DEKRA a réalisé un chiffre d'affaires de près de 3,5 milliards d'euros. Le groupe emploie actuellement 47 800 personnes dans plus de 60 pays sur cinq continents. Ses experts qualifiés et indépendants proposent, pour améliorer la sécurité sur la route, au travail ou à la maison, des services couvrant aussi bien le contrôle technique de véhicules, l'expertise, la gestion et le règlement de sinistres, le contrôle industriel et de bâtiments, le conseil en sécurité, le contrôle et la certification de produits et de systèmes. La vision 2025 de DEKRA est d'être le partenaire global pour un monde plus sûr. (dekra.com)
Numéro 1 mondial avec 28 millions de contrôles techniques réalisés dans le monde, DEKRA Automotive SAS gère en France un large réseau d’affiliés et de centres en propre. Couvrant avec plus de 1700 établissements l’ensemble du territoire national pour des contrôles techniques VL (1560 centres) et PL (148 centres) garantissant aux usagers un contrôle technique impartial, répondant aux plus hauts standards de qualité.
DEKRA Automotive SAS gère 3 enseignes de contrôle technique automobile, DEKRA, NORISKO et AUTOCONTROL ainsi qu’une enseigne DEKRA pour le poids lourd et réalise près de 6.5 millions de contrôles par an. Acteur engagé au profit de la sécurité routière, DEKRA Automotive SAS poursuit en France la mission d’intérêt général portée depuis 1925 en Allemagne, par sa société mère, qui finance un pôle de recherche en prévention des accidents. Partenaire de la Délégation Interministérielle à la Sécurité Routière depuis 2000, étendue en 2008 en signant la charte européenne, DEKRA Automotive SAS mène de nombreuses actions de sensibilisation et de prévention, dans ce cadre. (Sites dekra-norisko.fr / dekra-pl.com).
Sources : *Sondage OpinionWay diligenté par DEKRA Automotive effectué les 7 et 8 septembre 2022 sur un échantillon de 1042 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. **https://www.securite-routiere.gouv.fr/les-chiffres-des-examens-du-permis-de-conduire/bilans-des-examens-du-permis- https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/etat-de-l-insecurite-routiere/bilans-annuels-de-la-securite-routiere/bilan-2021-de-la-securite-routiere