La baisse du nombre d’accidents passera par une meilleure compréhension des mesures et l’augmentation de la sécurité active des véhicules, selon DEKRA Automotive.
Chiffres clés :
Si une large majorité des Français approuve l’obligation du port de la ceinture de sécurité (91%) et le seuil d’alcoolémie à 0.5g/L (79%), l’adhésion aux contraintes liées à la vitesse est en revanche nettement plus partagée.
- Plus de 70% d’entre eux rejettent l’idée d’une nouvelle baisse des vitesses sur toutes les routes et 54% des Français s’opposent au renforcement des contrôles sanction automatisés.
- L’automatisation dans les véhicules est perçue par 84% des Français comme un facteur d’amélioration de la sécurité routière.
- Cependant, seuls 9% des Français seraient intéressés par le pilotage autonome sur autoroute et 12% par avoir un véhicule complètement autonome.
En 40 ans, du chemin a été parcouru en matière de sécurité routière. Le nombre de tués sur les routes est descendu de 18 034 en 1970 à 3 388 en 2014. Cette forte baisse, les conducteurs la doivent notamment aux mesures de sécurité routière et au développement de la sécurité passive dans les véhicules. Le prétensionneur de ceinture de sécurité, l’airbag, la capacité de la structure à pouvoir se déformer en cas de choc, pour absorber l’énergie en sont quelques exemples. Pour DEKRA, l’amélioration significative de la sécurité routière, dans les prochaines années, passera par la conjonction de trois leviers majeurs, à savoir l’amélioration des infrastructures, l’évolution des comportements et la montée de la sécurité active des véhicules.
Agir sur la compréhension des mesures de sécurité routière
La cause la plus fréquente d’accident (env.86%) reste le mauvais comportement des automobilistes, sur lequel tentent d’agir les mesures de sécurité routière… à la condition qu’elles soient pleinement comprises et acceptées. Or une étude confiée à Opinionway, en septembre et octobre 2015 révèle une forte disparité dans l’acceptation des mesures de sécurité routière.
- Une large majorité des Français approuve l’obligation du port de la ceinture de sécurité (91%), le seuil d’alcoolémie à 0.5g/L (79%) ou encore la limitation de la vitesse en ville à 50km/h (76%).
- Cependant, ils rejettent à plus de 70% l’idée d’une nouvelle baisse des vitesses sur les routes, aussi bien en agglomération, sur le réseau secondaire que sur autoroute.
- Les dispositifs automatisés de sanction divisent. La présence de radars fixes est approuvée à 55%, celle des radars mobiles à 48%. L’interdiction des avertisseurs de radars est contestée à 57%. Dans l’ensemble, 54% des Français s’opposent au renforcement des contrôles sanction automatisés. Notamment, parmi les nouvelles mesures de sécurité routière adoptées par le CISR le 3 octobre dernier, le déploiement de 500 nouveaux radars n’est approuvé que par 41% des Français. Tout comme l’utilisation de drones pour contrôler les excès de vitesse. Toutefois, l’usage de faux radars, de fait sans sanction, séduit davantage, avec 57% d’approbation.
- D’autres mesures votées par le CISR remportent plus d’adhésion. 81% des Français approuvent l’installation d’un éthylotest anti-démarrage pour les récidivistes et autant, l’obligation du contrôle technique lors de la revente d’un deux-roues motorisés. Une nette majorité de Français (62%) accepte l’obligation pour les entreprises de révéler l’identité des employés ayant commis une infraction
- Les Français semblent avoir pris conscience des méfaits de l’alcool sur la conduite. Un français sur deux approuve l’idée d’un abaissement du seuil d’alcoolémie à 0.2g/L.
« Pour être efficace, une politique de sécurité routière doit pouvoir être acceptée par tous. Le niveau d’acceptabilité des mesures nous renseignent sur leur degré de compréhension. Sur le plan du respect des vitesses, des efforts de communication et d’explications sont sans doute nécessaires. Le recours à une régulation dynamique des vitesses, en fonction du trafic et des conditions météorologiques constitue une piste intéressante », commente Nicolas Bouvier, Directeur Général de DEKRA Automotive France. Et d’ajouter « Parallèlement, les avancées techniques en matière d’automatisation du véhicule permettront à terme de palier l’erreur comportementale et d’agir efficacement sur la grande majorité des accidents ».
Améliorer la sécurité active des véhicules et leur autonomisation
Les systèmes de conduite autonome sont un levier prometteur de sécurité routière.Un sentiment partagé par 84% des Français, selon un sondage Forsa Survey, réalisé pour DEKRA en septembre 2015 auprès de 4 pays (France, Allemagne, USA et Nouvelle-Zélande). D’ailleurs, ils sont 71% à penser que les véhicules autonomes se développeront dans le futur, dont 50% dans les 20 prochaines années. La même tendance se confirme chez les américains du nord (77%) et les nouveaux-zélandais (75%). En revanche, les allemands sont moins optimistes, avec seulement 66% d’opinions favorables. 31% pensent qu’ils ne se développeront pas, contre 17% en France.
« Un des éléments d’explication peut être que les allemands sont moins sensibles à l’ennui sur les routes, que les Français et les américains, dont les autoroutes sont limitées à une certaine vitesse », commente Geoffrey Michalak, Directeur technique et qualité de DEKRA Automotive. « Ce résultat détonne, en tout cas, avec le fort investissement des constructeurs allemands dans le véhicule autonome ».
Toujours est-il qu’à l’heure actuelle, les Français tout comme les habitants des 3 autres pays, ne semblent pas particulièrement enclins à recourir aux systèmes de conduite autonome. La surveillance d’angle mort est le seul système plébiscité par une majorité des Français (55%). 39% souhaiteraient un système de protection des piétons, 33% un freinage automatique, 30% un régulateur de vitesse adaptatif en fonction de l’environnement. En revanche, seuls 9% des Français seraient intéressés par le pilotage autonomique sur autoroute et 12% par avoir un véhicule complètement autonome.
« Malgré les réticences observées aujourd’hui, les technologies d’assistance à la conduite seront demain un outil de sécurité primordial », prédit Geoffrey Michalak. « Pour ce faire, un effort d’uniformisation des commandes, voyants et pictogrammes doit dès lors être apporté par les constructeurs pour faciliter leur utilisation par les conducteurs. De surcroît, ils doivent pouvoir garantir la contrôlabilité des outils d’assistance, pour permettre de s’assurer de leur bon fonctionnement tout au long de la vie du véhicule ».
Sans attendre l’arrivée future des véhicules partiellement ou totalement autonomes, le chemin vers une baisse de la mortalité est dès aujourd’hui possible, en s’inspirant des bonnes pratiques mises en place à l’étranger. D’après la carte mondiale des villes ayant atteint l’objectif zéro mort, actualisée chaque année par DEKRA avec les données officielles recueillies auprès des ministères de chaque pays, des disparités importantes ressortent entre les villes. Ainsi, sur les 17 villes françaises de plus 150.000 habitants, seule la ville du Havre a réussi au moins une année l’exploit du zéro mort sur ses routes, entre 2009 et 2013. Au Royaume-Uni, 19 villes de la même proportion y sont parvenues, dont 5 sur 2 années. En Espagne, ce sont 14 villes, dont 2 sur 4 années.
Le sondage « L’acceptabilité des mesures de sécurité routière auprès des Français » a été mené par Opinionway, pour DEKRA, en deux vagues du 23 au 24 septembre et du 7 au 8 octobre 2015. Il a été réalisé en ligne sur système CAWI, auprès d’un premier échantillon de 1004 Français, puis d’un second de 1051 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, et redressé selon la méthode des quotas. Voir les résultats détaillés du sondage, cliquez ici.
Le sondage sur l’acceptation des systèmes de conduite autonome, a été conduit par Forsa Survey, pour DEKRA, en septembre 2015, auprès d’un échantillon de 1051 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, et redressé selon la méthode des quotas. La même méthodologie a été utilisée dans les 3 pays étudiés : les Etats-Unis, l’Allemagne et la Nouvelle-Zélande.